Actualité

Régulièrement, Kurt Buehlmann nous livre son analyse sur l'actualité économique européenne et mondiale.

Si vous souhaitez vous aussi recevoir ces lettres de nouvelles directement par e-mail, il vous suffit de nous écrire via la rubrique "contact"

Pourquoi Donald Trump prend-il des mesures aussi fracassantes ?

21.05.2025 Dans mon blog sur la mondialisation du mois d’avril, j’avais promis de revenir sur le fait que le président Donald Trump est pressé de voir entrer des sous dans ses caisses fédérales. La raison en est simple : l’endettement de l’Oncle Sam est hors de contrôle.

Un demi-million de dette par foyer
De combien parlons-nous ? Fin avril, la dette publique américaine a atteint 37 billions de dollars (en chiffre 37'000'000'000’000). Ce trou abyssal doit être ramené à des valeurs qu’on puisse (éventuellement) saisir : il représente 122,7% du PIB (Produit Intérieur Brut) américain ou 429’000 dollars par famille américaine de quatre personnes, soit environ un demi-million.

Sur cette dette, il faudra payer des intérêts. Les intérêts de la dette américaine se montaient à $ 881 milliards en 2024. Cela représente une charge de $ 100 millions par heure ou 3% du PIB annuel. Avec des taux de refinancement à 10 ans autour de 4,5% et un accroissement du coût à environ 1’000 milliards, c’est la question de la capacité du gouvernement à honorer sa dette qui se pose. Ce taux maximal diminuera les dix prochaines années pour retomber en-dessous de 3%. Mais cela reste un défi monumental pour les investisseurs à la recherche de rendement et pour le gouvernement américain.

Selon les dernières estimations du Bureau of Economic Analysis (BEA), le PIB nominal a crû de 5,1% en 2024 alors que le besoin de financement des dépenses publiques (le déficit fiscal) s’élevait à 6,3%. Suivant mon approche, le dividende national (5,1%) ne couvre pas l’ensemble des besoins en financement (6,3%) et il en résulte en perte nette de 1,2% de PIB. Par conséquent, la dette fédérale augmente et le pays s’appauvrit.

C’est là qu’intervient la stratégie du président Trump. Il exige essentiellement trois choses :
• Réindustrialiser les USA en attirant des entreprises étrangères
• Affaiblir le dollar pour stimuler les exportations américaines et, surtout,
• Trouver des créanciers complaisants pour sa dette publique, dont le financement devra être imposé au reste du monde à un taux d’intérêt très faible. Actuellement, un tiers de la dette publique américaine est détenue à l’étranger.

Rappel, les États-Unis sont la première puissance industrielle et le dollar est toujours la devise de réserve du monde.

En résumé, Donald Trump ne veut pas limiter les importations dans son pays, il veut augmenter les exportations américaines. Comment s’y prend-il ? En imposant des droits de douane prohibitifs et en forçant ses partenaires à négocier. Négocier quoi ? Que les Européens donnent une préférence aux produits américains plutôt qu’asiatiques, que des entreprises s’installent aux États-Unis et, surtout, que les institutions financières étrangères, y compris les banques centrales, souscrivent à des obligations publiques américaines à très long terme. Cette logique amènera probablement le Président américain, dans un second temps, à mettre sous tutelle la Federal Reserve (équivalent à notre BNS), avec un immense réalignement monétaire.

Et en Europe ?
L'endettement au sein de l'Union Européenne évolue de manière un peu moins dramatique, mais tout aussi menaçante : fin 2024, il atteignait environ 15 billions d’Euros (un peu moins que la moitié des États-Unis), équivalant à 120’000 euros par famille.

La Suisse (Confédération, cantons, communes) avait, elle, une dette brute en cours d’environ 208 milliards, ce qui représente environ 92’000 francs par famille. C’est peut-être peu en comparaison de nos voisins, mais reste néanmoins trop – beaucoup trop ! Au passage, la Suisse détient 300 milliards de dollars de dette américaine, se classant parmi les dix plus importants créanciers des États-Unis.

Lorsque l'on évoque les montagnes de dettes des États, la question surgit inévitablement : combien de temps cela peut-il encore durer ? Comme le disait un comique français, jusqu’où s’arrêteront-ils ?

Nous avons vécu à crédit trop longtemps
Ces 80 années fastes depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale auraient dû permettre de faire des réserves, « une poire pour la soif » comme disent les Romands et non pour vivre à crédit, au-dessus de nos moyens !

Si je puis user d’une parabole : cette génération s’est comportée en fils à papa insouciants qui ont fait joujou avec une carte de crédit sans vraiment s’inquiéter de qui ne la provisionnait ni comment. Et voilà que papa n’est plus là ; la génération d’après-guerre est en train de passer. Il va maintenant falloir que ce soient nos enfants qui paient – financer la monnaie au moyen de l’endettement n’est qu’une fuite en avant – mais comment le pourraient-ils ? Ils ne le pourront tout simplement pas !

Donald Trump a le mérite de tenter de sauver son économie du bouleversement annoncé, mais il ne pourra pas sauver un système inique et condamné, celui de la monnaie à profusion, « monnaie de singe », créée ex nihilo, sans contrevaleur.

À notre niveau, il devient urgent de mettre ses finances en ordre et de peaufiner sa préparation pour des temps plus difficiles. Je sais bien que j’affirme cela depuis des nombreuses années, que certains sont peut-être lassés de me lire, que « le disque est rayé ». Mais je continuerai à prêcher ce message tant qu’il restera pertinent ; tant que nous pourrons aider autour de nous des gens et des collectivités à se réveiller, à sortir du système de ce monde pour que leur travail passé, présent et futur ne soit pas englouti, mais subsiste et qu’ils puissent eux-mêmes continuer d’être des acteurs économiques et des personnes-ressources pour leur entourage.

Je vous recommande de relire la parabole biblique de la fourmi, dans le livre des Proverbes chapitre 6, versets 6 à 11 et de commander également, pour vous-mêmes et l’un ou l’autre de vos proches, mes deux derniers livres https://www.alliance-ch.ch/[...]/boutique.html, très pratiques dans leur approche et les solutions qu’ils proposent : « Économie de crise » (2022) et « Le blé providence » (2024), dont vous pouvez visionner le propos résumé dans une jolie émission de douze minutes : https://www.youtube.com/watch?v=SABJOxdqDck.

Nous restons à votre disposition pour vous conseiller sur simple contact via info@alliance-ch.ch.

Au nom du conseil d’administration d’Alliance-CH vous vous souhaitons un printemps radieux sous Sa protection & bénédiction.